Réguler la vie de groupe
Des animateurs, éducateurs, travailleurs sociaux peuvent être confrontés à des situations de conflits répétés au sein de leurs groupes d’usagers. En effet, toute vie de groupe peut amener à des tensions, et les raisons de la colère sont nombreuses en classe, centres ou foyers d’hébergement, centres de loisirs, instituts spécialisés… ou au sein des équipes de professionnels. Comment réguler ces tensions pour favoriser une ambiance de groupe sereine ? Comment éviter que ces tensions ne dégénèrent en conflit ou n’explosent en actes de violence ? Comment aider chacun à trouver sa place dans le groupe, à s’affirmer tout en tenant compte d’autrui ?
Favoriser l’expression et l’écoute dans le groupe
Dans un foyer, les enfants de M. T ne nettoient pas bien la salle de bains commune et Mme R lui reproche de devoir nettoyer derrière, tandis que Mlle S met des miettes de pizza sur le clavier de l’ordinateur et que son M. X met la musique trop fort le soir… Sans compter Mme P qui s’approprie l’éducation des enfants de M. T ! Il serait bon d’intervenir avant que Mlle S se prenne sa pizza sur la tête ou que M. T n’explose de colère !!! Réguler la vie d’un groupe, c’est permettre aux membres du groupe de vivre des moments de partage, d’expression qui favorisent la connaissance mutuelle et l’empathie dans le groupe, et encourage chacun à faire le pas qui rend le quotidien du groupe supportable, voire agréable.
Des outils …
Certains outils favorisent l’expression et l’écoute empathique. C’est par exemple le tour de « météo » (comment vous sentez-vous ce matin / cette semaine… ?), par la parole, les gestes, les couleurs ou des dessins. C’est une entrée, un pas vers l’autre.
Des outils plus élaborés, comme le photolangage, permettent d’aller plus loin dans la connaissance et la rencontre avec l’autre. Centrés sur le vécu et les représentations des membres du groupe, ils fonctionnent si l’animateur de la séquence tient le cadre de non-jugement.
Plus spécifiquement, des cercles de paroles peuvent être organisés régulièrement, comme les temps consacrés à la vie de classe dans l’enseignement. Ces cercles peuvent avoir pour objet d’évacuer les tensions et de traiter les problèmes au fur et à mesure avant qu’ils ne dégénèrent en crise ou en conflits récurrents qui pourrissent le quotidien. Par exemple, il s’agit de traiter le nettoyage de la salle de bains, d’entendre le point de vue de chacun et de chercher ensemble une solution qui soit réaliste et équitable.
… et des compétences
Animer de tels cercles exige de la part de l’animateur du groupe les compétences suivantes :
• Cadrer la parole au sein du groupe, poser et tenir les règles d’écoute et de non-jugement,
• Ecouter sans juger celui qui s’exprime, même quand l’expression nous choque (quand par exemple un enfant dit « je voudrais tuer ma sœur, elle me pourrit la vie ! »), car c’est la condition de l’expression. A l’inverse, le jugement ferme la parole, oppose, isole.
• Savoir écouter profondément celui qui s’exprime et reformuler son vécu pour l’aider à clarifier ses propres besoins
• Savoir apaiser les émotions lorsqu’elles arrivent soudainement et fortement, apaiser les moments de confrontation au sein du groupe
• Connaître les éléments pour transformer les conflits
Et quand le groupe n’existe pas ?
Dans certaines situations, les groupes n’existent pas en tant que tels, mais simplement les gens se côtoient, comme par exemple, dans un foyer d’hébergement. Il s’agit alors d’adapter les outils existants, trouver les moyens de la rencontre et du dialogue, aider les membres à trouver des solutions aux inévitables tensions liées à l’utilisation de lieux communs.
En formation
Les formations de l’IFMAN commencent par définir ensemble ce qu’est un groupe, ce qu’est la vie du groupe et sa régulation.
A partir des situations rencontrées par les participants, la formation leur permet de mettre en pratique des outils et des positionnements et de consolider leur expérience par la découverte des repères théoriques.
Annie Le Fur, IFMAN Rhône-Loire
septembre 2016