Je verrai toujours vos visages – Retour sur le film de Jeanne Herry

Le film de Jeanne Herry « Je verrai toujours vos visages » est sorti ce printemps dernier. Il met en lumière le processus de la justice restaurative qui a en commun plusieurs outils proposés par l’IFMAN Co en formation.
Plusieurs membres de l’IFMAN Co, formateurs ou bénévoles, ont fait part de leur retour sur le film. Les voici ci-dessous :

« Le film retrace deux histoires de médiation :
1)      Une sœur abusée par son frère : réconciliation impossible, mais quelques pas d’un chemin -difficile- ; pour elle sortir du rôle de victime silencieuse ; pour lui, sortir du déni de responsabilité.
2)      Un cercle de parole entre des personnes incarcérées pour vols avec violence, et des personnes qui furent victimes de tels actes (mais face à elles, ce ne sont pas « leurs agresseurs »).
La réparation et la prise de responsabilité sur sa propre vie sont des chemins longs et douloureux. La médiation est un humble accompagnement qui nécessite du professionnalisme et des « obligations de moyens ». Mais le résultat (si l’on peut dire) est l’affaire des personnes « médiées », et chacune pour sa part.
La résilience n’est pas une qualité monnayable ou une compétence à supporter injustices et agressions.
La résilience est un processus personnel difficile, avec de possibles rechutes, pour tenter de retrouver, en dépit d’un traumatisme grave et sans effacer celui-ci, une possibilité de vivre « malgré tout » ; et, parfois, de se découvrir une force nouvelle.
Ce film vaut bien quelques heures de formation. »

Elisabeth, bénévole à l’IFMAN Co et ancienne formatrice

 
 « Ce film permet de mettre en avant ce qu’est la justice restaurative et choisit de faire la lumière sur 2 types de mesures restauratives :
–          La médiation restaurative (ici entre un frère et une sœur)
–          Les rencontres condamnées -victimes (ici autour des violences faites aux personnes).

En tant que bénévole formée à ces deux types de mesures je trouve notamment la partie sur la médiation restaurative très juste. Elle décrit bien le rôle essentiel des entretiens préparatoires qui peuvent même, en fonction des situations, être plus riche de sens pour le cheminement de la personne que la rencontre en elle-même. On voit bien dans le film aussi que la posture de la médiatrice est centrale dans la mise en place de mesures. Elle est présente auprès de la victime et également auprès de l’auteur car elle doit rester non pas neutre mais bi-partial. Cette médiation met en évidence que parfois quand les attentes de la victime et de l’auteur ne convergent pas, la question se pose d’aller ou non jusqu’à la rencontre. C’est à la médiatrice de proposer alors d’explorer d’autres formes de dialogue (par courrier, téléphone …) 

La nécessité d’être entouré et supervisé lors de l’animation de médiation est soulignée. Dans le film, la médiatrice a recours à son formateur pour partager ses doutes quant au maintien de la rencontre comme objectif de la médiation.
Derrière la simplicité apparente d’organiser une rencontre, le film montre bien tout le travail préparatoire, la formation, le chemin parcouru par chacun et la nécessité d’un cadre sécurisé pour que cette rencontre soit justement restaurative et apporte des bénéfices à chacun ».

Elise, bénévole formée à la justice restaurative

 
 

« Ce film évoque la justice restaurative. Au-delà de la justice pénale qui s’intéresse à juger, la justice restaurative ou réparatrice s’intéresse à réparer. Réparer d’abord le lien de soi à soi. Pour l’auteur des actes délictueux, l’enjeu est d’assumer leur portée en reconnaissant les conséquences sur la réalité et le vécu d’autrui. L’auteur se projette dans la réalité d’autrui par l’écoute du vécu et du ressenti. La réparation s’opère avec la reconnexion à la part d’humanité commune en nous.

Du côté de la victime, c’est réparer le lien à elle-même par l’affirmation : Oser mettre en mots, oser dire, oser sortir de l’enfermement, sortir de la culpabilité. C’est un enjeu de reprendre confiance en elle nécessaire pour ré-oser la confiance en autrui.

Ce film nous parle donc de réparation intime au plus profond des êtres, une réparation psychique qui passe par une meilleure compréhension de l’Autre, une réparation dans la confiance en soi et en les autres.

A l’heure des positions polarisées, clivées, avec peu de place faite à la nuance, ce film se veut également, un film sur le dialogue, et l’écoute. Ecouter l’autre, laisser émerger sa parole, la recevoir, et l’entendre, la laisser faire son chemin en nous. Puissance de l’écoute, et du dialogue, puissance réparatrice des mots. Libérant.

Dans les établissements médicaux sociaux, nous pouvons mettre cette démarche de justice restaurative en lien avec la pédagogie non punitive, la sanction éducative, et ce que nous appelons à l’IFMAN, étudier « les trois points de vue ».

Cela peut nous interpeller en tant que travailleurs sociaux sur toutes les fois où nous pensons savoir pour, toutes les fois où nous parlons pour ou à la place de…. Belle remise en perspective avec ce film et cette phrase du formateur. « On ne parle pas à leur place, on ne suggère rien, on écoute, on accueille INCONDITIONNELLEMENT »

Dans le film, la jeune vendeuse, traumatisée par un braquage à mains armées, dit à Nassim, un auteur de tels actes à l’issue d’une séance de médiation : « Cela fait 3 ans que je suis suivie par un psy et là en 3 heures tu m’as débloquée ». Je ne peux m’empêcher de noter la place du collectif dans un temps où l’on peut être tenté de mettre nos problématiques dans la sphère individuelle, cet espace collectif rappelle l’intérêt d’élaborer, de partager, d’échanger, de grandir et cheminer ensemble ».

Caroline, formatrice à l’IFMAN Co.

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Cette formation est au cœur de la pratique de l’IFMAN. Le conflit fait partie de la vie mais n’est pas facile à vivre ! Cette formation s’adresse aux professionnels qui souhaitent adapter leurs réponses dans des situations d’agressivité, de conflits ou de réactions émotionnelles fortes de leur environnement (usagers, collègues, partenaires, etc.).

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